THIERRY BONTE

Depuis deux décennies, l’évolution du niveau de vie des pays occidentaux a alimenté la croissance des pays émergents en leur confiant la fabrication à bas coût des produits que les consommateurs sont heureux de pouvoir s’offrir. Au milieu des années 90, on qualifiait même de visionnaire le grand patron d’un fleuron industriel Français lorsqu’il déclarait que son entreprise deviendrait une entreprise sans usine. Depuis, de nombreuses entreprises ont adopté cette démarche ou externalisé leur production …car cela répond à l’attente des consommateurs.

L’actualité nous apporte chaque jour de nouveaux exemples de nos paradoxes schizophréniques dans de nombreux secteurs. Prenez Peugeot, montré du doigt pour la fermeture d’une usine, alors que son confrère Renault enregistre en France les plus fortes croissances des ventes du secteur … avec la marque Logan dont les véhicules sont tous fabriqués hors de nos frontières. Aucun n’a tord ou raison. Les deux répondent aux comportements des clients.

Pour survivre, l’entreprise doit s’adapter à son marché en lui proposant les produits que ses clients veulent acheter, et pas en produisant les produits qu’elle aimerait qu’ils achètent. Et cette subtilité est pleine d’espoir car aucune entreprise n’est dans une impasse. Elle doit simplement repenser sa relation avec ses clients, son positionnement, sa proposition de valeur.

Les industriels Français le savent, ils ne gagneront pas sur le terrain des coûts, leur avenir est ailleurs. Innovation, qualité, environnement, excellence opérationnelle sont les armes des entreprises qui refusent de la(1) laisser s’installer, de celles qui savent qu’elle(1) ne doit pas être synonyme d’immobilisme, de celles qui réussissent et dont le succès ne cessera de s’amplifier. Car une seule chose est certaine, les entreprises qui la(1) laisse s’installer en réduisant leurs investissements ne font que s’inscrire dans un processus sans issue favorable.

Puisque le coût de main d’œuvre ne sera plus jamais à notre avantage, il faut que l’innovation, l’agilité, la flexibilité, la technologie caractérisent nos entreprises. Elles doivent être « smart(2) » pour apporter à leurs clients ce qu’ils recherchent de plus en plus, des produits innovants, de qualité et abordables (ce qui ne signifie pas les moins chers).

Ces entreprises que nous appellerons bientôt des Smart Industries bénéficieront d’avantages compétitifs que celles qui se sont contentées jusque là de casser les prix, ne pourront pas rattraper.

Thierry Bonte – Président, FACTORY SYSTEMES

 

PS : Ce mot(1) n’existe pas en chinois car il signifie opportunité. Empruntons leur à notre tour cette définition pour que grâce à l’ère de l’information émerge chez nous une industrie plus smart(2).

(1) vous l’avez reconnue, mais je ne la cite pas, parce qu’à force de lui donner tant d’importance, on n’en oublie les atouts qui continueront durablement à faire de l’industrie Française l’une des plus performantes au monde.

(2 )intelligente : Innovante, performante, agile, éthique, respectueuse de l’environnement (consommation d’énergie, rejets et recyclage d’émissions polluantes) et sociale.