Je lis beaucoup d’articles, blogs et tweets annonçant que le prochain Windows 8 ne serait qu’un autre Vista ou Windows Me. Cela n’est pas choquant, après tout cela ne fait que respecter la règle que tout nouveau système d’exploitation Microsoft se doit d’être mauvais. Et en particulier, s’il succède à une version majeure ayant eu du succès. Windows 7, un succès ?

Effectivement Windows 7 a connu un beau succès commercial. Il a été bien accueilli par la critique et largement décrit comme « ce que Vista aurait dû être », ce qui est probablement vrai. Vista était lent et consommateur de ressources et avait clairement déçu tout le monde. Windows 7 est rapide même sur des machines un peu anciennes, agréable à utiliser, stable et sécurisé ; bref il est tout ce que Vista n’a pas été !

Mais malgré la satisfaction de pouvoir enfin migrer son Windows XP, il y a eu un besoin qui n’a pas été couvert par Windows 7 : le tactile. Bien sûr, il existe bien une API tactile permettant même de faire du multi-touch mais le fait est que l’ergonomie elle-même n’est pas adaptée à un usage tactile. Cela explique en partie pourquoi même 3 ans après sa sortie il n’y a toujours pas pléthore de matériels tactiles sur le marché, pourtant la technologie est là depuis longtemps. Sur ce point Windows 7 a échoué.

 

Et l’iPad arriva…

L’iPad a changé l’approche que les gens avaient de l’informatique. Tout ceux qui pensaient avoir besoin d’un ordinateur pour surfer, consulter leurs emails ou utiliser Facebook, se sont rendus compte qu’il n’en était rien. En avril 2010, soit moins d’un an après la sortie de Windows 7, Apple a montré comment une interface utilisateur devait fonctionner sur un périphérique tactile. Ce fût un énorme succès, dans le premier mois Apple a atteint le million d’unités vendues et 2 ans et demi après c’est prés de 90 millions d’iPad commercialisés. Il n’y a même pas besoin d’avoir un ordinateur PC ou Mac puisqu’il peut même mettre à jour son OS et avec l’iCloud les données sont stockées en ligne. Vous pouvez rester des jours sans avoir besoin de toucher un clavier physique.

Mais évidemment, il est toujours nécessaire d’avoir un « vrai » ordinateur pour réaliser des tâches moins triviales telles qu’écrire un texte plus long qu’un e-mail, créer des contenus (eux-mêmes lus sur des tablettes ensuite…) bref tout simplement travailler. Pour toutes ces activités Microsoft continue de produire des systèmes d’exploitation, mais dans le monde post-iPad nous nous demandons tous pourquoi nos ordinateurs ne sont pas plus « iPaddé »… Apple l’a bien compris et les mises à jour régulières d’OS X tendent à le rapprocher d’iOS. Mais pendant ce temps, Microsoft a mis au point Windows 8.

 

L’interface Metro Modern UI (peu importe son nom…)

Si Windows 8 avait été juste une nouvelle déclinaison de WIMP (Windows, Icons, Menus, Pointing device) et de son menu démarrer hérité de Windows 95, avec des cases à cocher, des menus et des boutons relookés et grossis alors oui Windows 8 aurait été un échec complet. Windows 8 n’avait pas d’autre choix que de proposer une nouvelle expérience utilisateur. J’avoue humblement ne pas être un expert en ergonomie mais je conçois facilement qu’il est difficile d’avoir une interface dédiée tactile qui soit également agréable à utiliser avec une souris traditionnelle. Les doigts sont certes imprécis mais tellement plus flexibles et intuitifs qu’une petite flèche blanche en surimpression de l’écran. Si vous n’avez jamais essayé une tablette tactile, filez tout droit dans l’hypermarché le plus proche pour jouer avec un de ces équipements !

Si on conçoit une interface pour la souris, on oublie alors tous les petites manipulations de zoom, défilement ou déplacement très naturelles à faire avec les doigts. A l’opposé, concevez une interface où certaines opérations ne sont possibles qu’avec les doigts et une immense majorité d’utilisateurs non équipés de périphériques tactiles en seront privé. Bien sûr, il est possible de proposer deux systèmes d’exploitation un pour le tactile et le mobile l’autre pour le clavier et la souris, mais cela signifierait pour Microsoft perdre sa position de leader construite depuis plus de 20 ans. Vous pouvez également décider de faire des compromis. Microsoft a intelligemment choisit de tenter de concilier les deux en proposant une interface adaptée pour le tactile mais acceptable pour la souris et un OS compatible avec l’immense catalogue d’applications existantes (même si je doute quand même que beaucoup d’entre elles soient directement utilisables en mode pure tactile sans adaptation…). Evidemment comme toute évolution majeure et en particulier concernant l’expérience utilisateur, il va falloir s’habituer et il y aura des mécontents surtout que pour concilier les deux il a fallu faire des compromis.

 

Marre du menu Démarrer…

Le plus gros reproche fait à la nouvelle interface a été la disparition du menu Démarrer. C’est drôle car depuis son apparition en 95 on se moquait des OS Microsoft où il fallait cliquer sur Démarrer pour arrêter le PC. Honnêtement, pour avoir essayé les différentes pré-versions de Windows 8, cela ne m’a pas manqué du tout.

Sur mon PC pour faire apparaitre le menu, j’utilise majoritairement le bouton Windows puis je clique sur une des applications que j’ai épinglées dans le menu ou je tape les premières lettres de l’application que je veux démarrer. Avec Windows 8, je fais finalement pareil ! J’utilise toujours le bouton Windows puis je clique sur l’une des icônes épinglés sur la page d’accueil ou je tape les premières lettres de l’application que je cherche. Enorme changement, mon menu est maintenant en pleine page, j’arriverai donc à m’y faire… Par contre, si vous avez la chance d’avoir un écran tactile (dis patron, mon PC commence à dater…) vous avez enfin un menu réellement utilisable en mode tactile. Vous avez des boutons tellement gros qu’il est même possible d’y lire certaines informations comme les derniers emails reçus, du coup même plus besoin d’ouvrir l’application elle-même.

Bien sûr, tout n’est pas parfait et certaines fonctionnalités risquent de vite devenir ennuyeuses. La méthode pour fermer une application de type Modern UI (c’est le dernier nom officiel de l’interface Windows 8) qui consiste à la lancer vers le bas de l’écran avec votre doigt est pénible avec la souris. Heureusement, alt+F4 fonctionne toujours et Microsoft nous dit que l’on a plus besoin de fermer les applications car leur nouveau mode de suspension a été optimisé. Pour ça, il faudra quand même voir à l’usage…

Il y a encore d’autres choses ennuyeuses, notamment l’obligation de revenir à des écrans « ancien-style » pour certaines opérations, en particulier le panneau de configuration. Il faudra prévoir un stylet pour utiliser toutes ces cases à cocher sur une petite tablette tactile ! Redimensionner les fenêtres sans souris est également un exercice qui va mettre votre patience à rude épreuve, surement une excellente raison pour laquelle l’interface Modern UI n’a pas de fenêtre.

 

Windows 8 sera un succès…

…mais peut-être et probablement pas autant que Windows 7 du moins d’un point de vue commercial. En effet, sauf quelques cas particuliers, il ne propose pas d’évolutions majeures qui pourraient motiver les départements IT à se lancer dans des migrations de parcs massives forcément très onéreuses. Son intérêt est ailleurs, il va permettre l’arrivée sur le marché de nouveaux équipements. Dans quelques mois tous les nouveaux PC seront préinstallés avec cette nouvelle version. Les nouveaux matériels annoncés commencent déjà à mélanger les styles : tablettes ou ultra-portables ? Et cela va continuer, dans 2 ou 3 ans les écrans tactiles seront devenus la norme que ce soit sur des tables, tablettes ou les portables. Peut-être verrons-nous aussi des nouveaux matériels comme des pc de bureaux à poser à plat ou des hybrides bi-écrans dont un tactile ?

C’est là le principal intérêt de cette version : nous préparer à un futur très proche qui va radicalement changer notre approche de l’informatique. Un monde où je n’aurais plus besoin d’avoir un PC portable encombrant car mes machines virtuelles seront hébergées dans le cloud, un monde où un opérateur pourra intuitivement pointer du doigt un équipement pour avoir des détails sur son fonctionnement ou se déplacer dans les installations tout en restant en permanence informé.